La nomination de Manuel Valls à Matignon, suivie du traditionnel remaniement, a vu la Santé disparaitre des attributions ministérielles pendant une semaine. L’annonce des secrétariats d’Etat a mis fin au suspense sur un enjeu annoncé comme priorité de fin de quinquennat.
Marisol Touraine reste aux Affaires Sociales et à la santé. Scénario improbable après la disparition surprise du terme « santé » lors de la présentation du gouvernement Valls. Après la découverte de ce « gouvernement de combat » voulu par François Hollande, de nombreux observateurs restent perplexes devant l’absence d’un maroquin fort en symbole. Après le revers des municipales, Dans son allocution du 31 mars, le président de la république annonçait un « pacte de solidarité » avec comme fer de lance la justice sociale par le prisme de la santé. Une nouveauté qui augurait donc une nouvelle dynamique sur les politiques de santé en France.
Tout ça pour ça ?
Las, les espoirs allaient être douchés trois jours plus tard lors du remaniement. Le PS s’est certes empressé de préciser que la désormais ministre des seules Affaires sociales allait garder les prérogatives de la santé. La confirmation n’est arrivée qu’une semaine plus tard. Mercredi 9 avril Marisol Touraine « récupère » officiellement la santé, sans secrétariat d’Etat. Tout ça pour ça. Un rétropédalage malvenu et qui ne peut cacher la réalité de la politique menée depuis mai 2012. Car, ministre ou secrétaire d’Etat, les faits et les autres engagements du président Hollande entrent en contradiction avec son désir de remettre celle-ci au cœur de son action.
Aujourd’hui, la seule priorité du gouvernement qui se traduira effectivement en actes reste le rééquilibrage des comptes publics, les fameux 50 milliards d’économies du Pacte de responsabilité. Dans ce cadre, la santé, avec ou sans ministère aura du mal à faire entendre sa voix et devra faire plus avec moins d’argent : Manuel Valls a annoncé le 8 avril dans son discours de politique générale dix milliards d’euros de coupes pour la sécurité sociale, dont trois dès 2015. Le « Pacte de solidarité », risque donc de se transformer en « Pacte d’austérité de la santé », avec à la clé des restrictions drastiques dans les politiques de santé, ébranlant encore la santé publique et ses acteurs, déjà sous pression.
Mathieu Brancourt