Alors que l’association Sidaction annonce avoir levé près de cinq millions d’euros pour sa vingtième édition, d’autres voix s’élèvent pour pointer le manque de volontarisme de la France dans la lutte contre le sida.
En dehors du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, le Sidaction de ce weekend est l’autre grand moment de visibilité de la cause. Mais alors que ce dernier s’achève sur des promesses de dons stables par rapport à 2013, les nouvelles ne sont pas bonnes sur le front de la lutte contre l’épidémie. Les associations historiques sont malades de l’austérité des financements publics comme privés, et ont toutes les peines du monde à assurer leur pérennité. Chômage technique chez Act Up-Paris ou plan social chez AIDES, la plus grosse ONG française contre le VIH et les hépatites. Et la baisse des financements va continuer en 2014.
La mobilisation annuelle des artistes et des médias français permettra encore cette année à Sidaction de financer des projets locaux et internationaux. Mais l’arbre peine à cacher une forêt bien dégarnie. La Société française de santé publique (SFSP) annonçait dès janvier que les Agences régionales de santé (ARS) prévoyaient une baisse de 25 % de leur dotation pour les associations. Idem pour la Direction générale de la Santé, qui va devoir se serrer la ceinture dans le cadre des 50 milliards d’économies promises par François Hollande. Dans ce contexte tendu, certains s’alarment de voir peut-être des pans entiers de la défense du droit des malades se fissurer.
Dans une tribune du Huffington Post, les trois porte-paroles de la commission Santé de l’Inter-LGBT (Une association unitaire rassemblant des associations lesbiennes, gays, bis et transgenres) s’inquiètent de l’impact de ces coupes budgétaires sur la santé de la communauté homosexuelle. « S’il est de bon ton de dire que la mobilisation des malades du sida a révolutionné la médecine et, au-delà, toute la santé, c’est donc en bonne partie à des militant-e-s homosexuel-e-s et trans qu’on le doit: relation médecin-malade, droits des malades, participation des malades et usagers aux politiques de santé, reconnaissance des besoins de groupes minoritaires », commencent ces derniers. Mais fautes de moyens suffisants et « malgré les succès, de nombreuses associations de lutte contre le VIH/sida sont aujourd’hui empêchées de mener à bien leurs missions ». Ils en appellent au gouvernement, qui doit « agir », notamment sur la mise en œuvre du Plan National de lutte contre le sida, qu’il juge « très insatisfaisante ».
Malgré l’annonce, lors de l’allocution du président de la République d’un « pacte de solidarité » avec comme priorité la santé, l’absence justement de ce terme dans le titre de la ministre Marisol Touraine a, du goût de tous, envoyé le mauvais signal.
Mathieu Brancourt